À l’heure où les conflits les plus meurtriers subsistent dans certaines régions de l’Afrique, la justice transitionnelle continue d’apporter une réponse alternative à la justice ordinaire face aux crimes de masse commis dans ces contextes. La manière dont les sociétés anéanties par des années de violence traitent les responsables des infractions constitutives des crimes internationaux fait l’objet de controverses. En effet, les Etats disposent en principe d’un pouvoir souverain de punir qui tend aujourd’hui vers un devoir, voire une obligation, au regard du droit international.
L’absence ou le peu de sanctions pénales qui caractérise souvent la justice transitionnelle se heurte à une vision classique de la sanction. Face à de tels crimes, l’absence de peine d’emprisonnement est parfois ressentie comme vecteur d’impunité. Cet aspect est l’un des plus problématiques.
Pourtant, la notion de sanction peut se comprendre différemment en fonction des contextes, cultures et coutumes des sociétés concernées. C’est ainsi que certains mécanismes de sanction, au-delà de la prison, furent imaginés ou (ré)adaptés pour relever le défi de juger la violence de masse. Ces mécanismes ne visent pas seulement à punir mais à relever la réalité des atrocités, non pas à infliger systématiquement des peines mais à favoriser une réconciliation qui se présente comme un au-delà de la sanction pénale ; d’où l’expression « justice transitionnelle réconciliatrice », utilisée pour les désigner.
En définitive, singulière dans sa formulation, la problématique de la sanction des crimes internationaux par nature nous confronte, dans la pratique, à la diversité de ses formes et suscite à son tour de nombreuses interrogations. Parmi celles-ci : l’administration de la justice, dans des contextes de transition, peut-elle avoir une fonction restauratrice lorsque les procès au sens classique, recherchent avant tout à établir une vérité, celle du droit ? Quelle place alors, les tribunaux et la peine laissent-ils à la mission d’harmonisation entre les parties et la communauté dont est souvent investie la justice transitionnelle ? La réinsertion sociale des personnes condamnées pour des crimes graves est-elle fondamentale devrait-elle être une priorité des processus de justice transitionnelle ? Existe-il une nécessité de développer des approches différenciées des sanctions en contextes de justice transitionnelle ? Ces approches seraient-elles compatibles avec les standards juridiques du droit international pénal ?
Trois axes de réflexion sont proposés pour aborder ces interrogations.
- La particularité des sanctions dans la justice coutumière africaine
- L’autonomisation de la sanction dans la justice internationale pénale
- L’originalité des sanctions dans la justice transitionnelle réconciliatrice
Programme
9h30 : Accueil des participants
Allocutions d’ouverture
10h : Didier VEILLON, Doyen de la Faculté de droit et sciences sociales de Poitiers (à confirmer)
Philippe LAGRANGE, Directeur du Juriscope, professeur de droit public à l’Université de Poitiers, membre du CECOJI
Jean Baptiste HARELIMANA, Président de l’Académie africaine de la pratique du droit international
Propos introductifs au cycle de conférences
Nora STIRN, Docteure en droit public de l’Université Paris I, Enseignante contractuelle à l’Université de Cergy et à Sciences Po Paris
Sous la présidence de Bernadette AUBERT, Institut de sciences criminelles
10h30 : Nelly ROBIN, Directrice de Recherche, CEPED, IRD-Université de Paris ; Chercheure associée, MIGRINTER, CNRS – Université de Poitiers
« La justice coutumière, une alternative anthropologique à la pensée juridique. La négociation et la réconciliation, deux principes immuables ? »
10h50 : Mutoy MUBIALA, Professeur associé à l’Université de Kinshasa (RDC), Vice-Président de l’AAPDI
« La responsabilité civile et pénale en droit judiciaire traditionnel africain »,
Débats – discussion
Sous la présidence de Philippe LAGRANGE, CECOJI
14h : Eugène BAKAMA BOPE, Spécialiste Justice transitionnelle, Commission de l’Union africaine
« Les mécanismes de justice traditionnelle dans la Politique de l’Union africaine en matière de justice transitionnelle »,
14h20 : Ben Luther TOUERE ELENGA, Docteur en droit public de l’Université Sorbonne Paris Nord
« Les sanctions de la justice coutumière africaine au regard des droits de l’Homme »,
Débats – discussion
Propos conclusifs de la première journée
Jean Baptiste HARELIMANA, Président de l’Académie africaine de la pratique du droit international
Informations complémentaires
Accès gratuit
Accessible en visioconférence – Inscription obligatoire
Le lien de la visioconférence vous sera communiqué une fois votre inscription finalisée.
Contact : pierre.jouette@univ-poitiers.fr
Sous la direction scientifique de :
- Nora Stirn, Docteure en droit public de l’Université Paris I, Enseignante contractuelle à l’Université de Cergy et à Sciences Po Paris
- Luis Miguel Gutierrez, Maître de conférences en droit public à l’Université de Poitiers (CECOJI)
- Pierre Jouette, Maître de conférences en Droit privé et Sciences criminelles à l’Université de Poitiers (ISCrim’)