Le Doyen et l'équipe décanale ont la tristesse de vous faire part du décès du professeur Jean PRADEL.

 

Né le 29 octobre 1933 à Châtellerault, Jean PRADEL avait fait ses études en notre Faculté dont il avait été lauréat à quatre reprises.

 

Après sa licence en droit en 1953, il y avait complété son cursus universitaire par l’obtention de trois diplômes d’études supérieures en droit privé, histoire du droit et droit public. Le 20 décembre 1960, il avait soutenu une thèse, préparée sous la direction du doyen Gérard CORNU, sur La condition juridique du malade qui sera publiée trois ans plus tard dans collection « Bibliothèque de droit privé » à la Librairie générale de droit et de jurisprudence.

 

Ayant réussi le concours de l’Ecole nationale de la magistrature en 1957, il devient peu après juge suppléant au tribunal de Brest où il séjourne brièvement. Car, au printemps 1958, il est incorporé sous les drapeaux et combat en Algérie où ses faits d’armes lui valent de recevoir la croix de la Valeur militaire avec étoile d’argent. Démobilisé en juillet 1960, il retourne à Brest comme substitut du procureur de la République avant d’être rappelé en Algérie en mai 1961 en tant que procureur militaire.
Rendu définitivement à la vie civile au printemps 1962, il poursuit sa carrière de magistrat comme juge d’instruction à Bressuire puis à Poitiers.

 

Reçu à l’agrégation de droit privé et sciences criminelles en 1969, il est d’abord nommé maître de conférences à Tunis avant de réintégrer notre Faculté dans les mêmes fonctions en 1972. Promu professeur en 1974, il enseignera dans notre maison jusqu’en 2003 où il fera valoir ses droits à la retraite ; retraite du reste somme toute relative car Jean Pradel est demeuré tout au long de son existence un bourreau de travail.

 

Eminent spécialiste de droit pénal et de procédure criminelle, il jouissait en ces disciplines d’une immense notoriété qui dépassait très largement les frontières de notre pays. Sa production scientifique est si considérable que nous ne saurions ici en faire le résumé tant l’exercice tient de la gageure. Aussi nous bornerons-nous à citer quelques titres à commencer par ses manuels Droit pénal général et Procédure pénale dont Cujas a respectivement publié en 2019 les 22ème et 20ème éditions ; un Droit pénal spécial écrit en collaboration avec Michel DANTI-JUEAN, paru chez le même éditeur, a également connu un grand succès comme ce fut le cas, chez Dalloz cette fois, des Grands arrêts du droit pénal général et des Grands arrêts de la procédure pénale coécrits avec André VARINARD. Passionné par le droit pénal comparé comme l’attestent au demeurant ses nombreux voyages académiques à l’étranger, Jean Pradel était également l’auteur d’un précis Dalloz en cette matière ; il avait aussi publié avec son collègue néerlandais Geert CORSTENS un Droit pénal européen (Cujas). Homme de grande culture, il s’intéressait également beaucoup au passé. A cet égard, il est l’auteur d’un remarquable « Que-sais-je ? » consacré à l’Histoire des doctrines pénales. Il avait également apporté sa contribution au Dictionnaire du Grand Siècle, paru sous la direction de Frédéric BLUCHE aux éditions Fayard en 1990 ainsi qu’au Dictionnaire du XIXe siècle européen, sous la direction de Madeleine AMBRIERE, publié aux Puf en 1997.

 

La notoriété internationale de Jean PRADEL lui avait valu de devenir consultant auprès des Nations Unies, spécialement pour les questions de législation comparée. A la demande de l’Union européenne, il avait aussi participé à l’élaboration du code pénal et du code de procédure pénale de l’Estonie. Président de l’Association française de droit pénal, président de la Société générale des prisons, directeur scientifique de la Revue pénitentiaire et de droit pénal, chevalier de la Légion d’honneur à titre militaire, chevalier dans l’Ordre national du mérite et celui des Palmes académiques, docteur honoris causa de l’Université de Neuchâtel (1995) et de l’Université de Fribourg (1997), Jean PRADEL exerçait de très nombreuses fonctions et avait reçu de nombreuses distinctions ; mais il était d’abord et avant tout très impliqué dans la vie de sa Faculté où il a notamment dirigé l’Institut d’études judiciaires, l’Institut de sciences criminelles et le Diplôme d’études approfondies de droit pénal. Grand pédagogue, il aura marqué plusieurs générations d’étudiants tant par ses enseignements que ses écrits. Très attaché à notre maison dont il a grandement participé au rayonnement, il en était et demeurera l’un de ses plus grand maîtres.

 

La Faculté présente ses sincères condoléances à son épouse, à ses trois enfants (Odile, Marie-Françoise et Xavier) ainsi qu’à l’ensemble de leurs proches.
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