M. Jean-Pol MASSON, Professeur honoraire de l’Université Libre de Bruxelles – Directeur honoraire de la Cour des comptes de Belgique 

Les fonctionnaires sont très absents de la littérature française avant le XIXe siècle. Ils y sont au contraire très présents à cette époque. Balzac leur a même consacré un roman, Les Employés (le terme de fonctionnaire étant alors réservé aux agents se trouvant au sommet de la hiérarchie administrative). A l’autre extrémité du siècle, ils font l’objet de la farce célèbre de Courteline, Messieurs les ronds-de-cuir.

Les romans du XIXe siècle nous montrent, tantôt de façon sérieuse, tantôt de manière plaisante, voire caricaturale, les acteurs du droit administratif à l’œuvre – ou au contraire ne faisant pas grand-chose.

Ils nous décrivent ainsi les rivalités qui se manifestent à propos des promotions, avec les influences politiques qui jouent à ce sujet. Le rôle du secrétaire général du ministère peut également être important, comme, dans Les Employés, celui de Chardin des Lupeaulx, dont le nom figure dans l’intitulé de l’exposé.

Nous avons droit aussi à de multiples portraits de fonctionnaires ainsi qu’à l’évocation de leur vie quotidienne, avec leurs préoccupations (la principale étant le traitement), leur zèle, éminemment variable d’une personne à l’autre, leur compétence, qui ne l’est pas moins, l’absentéisme qui sévit en dépit de tous les efforts des dirigeants, leurs astuces, par exemple, sous la plume de Courteline, chez le chef de bureau Bourdon, retenu lui aussi pour l’intitulé.

Il sera question encore des tracasseries dont les gens extérieurs à l’administration sont l’objet de la part de celle-ci.

On se demandera enfin quelle est la part de réalisme dans le tableau que les auteurs dressent des fonctionnaires et, dans la mesure où ce tableau est noir, quelles sont les raisons qui ont poussé les écrivains à adopter cette position.

Replay de la Conférence du 14 décembre 2021